[WEBINAR] Peut-on prédire les blessures ?
La blessure : l'ennemie du sportif
L’entraînement régulier d’un sportif amène, dans la majorité des situations, à une amélioration de ses performances et donc une progression. Cependant, comme le rappelle la phrase répandue dans le monde de la course, « un coureur qui progresse est un coureur qui ne se blesse pas ».
On comprend que cette progression peut être parfois freinée. De nombreuses questions autour de la prévention des blessures viennent alors se poser : Peut-on prévenir les blessures ? Si oui, comment le faire ? Existe-t-il des outils spécifiques ?
Pour rappel, selon Yamato et al. (2015), une blessure en course à pied est « une douleur musculo-squelettique liée à la course dans les membres inférieurs qui provoque une restriction ou un arrêt de la course à pied pendant au moins 7 jours ou 3 séances d’entraînement consécutives programmées, ou qui oblige le coureur à consulter un médecin ou un professionnel de santé. ».
Pour répondre à ces questions, nous avons convié trois intervenants : Thomas Lorblanchet, Antoine Lainé et Théo Robin. Chacun d’entre eux possède la double casquette d’entraîneur dans le trail et de kinésithérapeute.
Quantifier la charge d'entraînement pour éviter les blessures ?
Thomas Lorblanchet, traileur de haut niveau et champion du monde de la discipline en 2009, est kinésithérapeute et ostéopathe. Grâce à sa formation continue, il revient avec nous sur le lien la charge d’entraînement et les blessures de surutilisation en course à pied.
Plusieurs outils à notre disposition
D’après une étude lancée en 2019, on sait qu’environ 50% des coureurs vont se blesser chaque année. Le plus souvent, la blessure intervient suite à une contrainte imposée à notre corps supérieure à ce qu’il est capable d’encaisser. Afin de quantifier l’entraînement, Thomas Lorblanchet nous explique que l’on peut mesurer la charge externe (durée, distance, fréquence…) et la charge interne à l’athlète (réponse à la charge externe, évaluée aux sensations). La charge Foster peut notamment aider à quantifier cette dernière, tout comme l’utilisation du TRIMP qui peut s’avérer intéressante, même si elle présente des limites pour une étude plus protocolisée. Ensuite, nous allons pouvoir déterminer un ratio de charge en fonction de la charge hebdomadaire, aiguë (charge à un moment donné) et chronique (charge sur les quatre dernières semaines). C’est ici que l’on retrouve l’indicateur ACWR, créé par Thomas Lorblanchet, que nous avions expliqué dans cet article. En parallèle, on retrouve aussi l’EWMA, qui reprend l’ACWR auquel on applique une pondération (moyenne pondérée selon les semaines).
Grâce à certaines études, surtout menées sur les sports collectifs, on remarque qu’il existe un ratio idéal afin de diminuer les risques de blessures. Ce ratio, calculé en divisant la charge aiguë par la charge chronique, serait situé entre 0,8 et 1,2. (Gabett, 2012). Le risque de blessures augmenterait donc en dessous d’une certaine charge (risque plus élevé à la reprise) et au-dessus d’une autre.
L'ACWR : des avantages et des limites
Dans le cadre de son mémoire réalisé en 2019, Thomas Lorblanchet avait travaillé avec la plateforme Nolio. Ensemble, ils ont pu tester l’ACWR et l’EWMA sur plus de 700 coureurs durant 6 mois. Sur cette cohorte, l’étude a recensé 105 blessures incluses, essentiellement sur les zones du genou et de la jambe. Grâce à l’ACWR, ils ont pu remarquer que dans presque 80% des cas, les athlètes qui se sont blessés ont fait des erreurs de charge d’entraînement. Malgré cela, en distinguant les notions de spécificité et de sensibilité, l’étude a montré que l’ACWR est un bon outil pour trouver la cause d’une blessure à postériori, mais il présente des limites lorsqu’il s’agit de prédire les blessures. Néanmoins, l’observance pourrait tout de même permettre de dépasser certaines limites. Concrètement, cela signifie que l’athlète qui renseigne ses sensations grâce au RPE pourra tout de même se prémunir du risque de blessures.
L’intervention de Thomas Lorblanchet nous montre que l’ACWR est un outil qui peut s’avérer intéressant, mais qu’il ne permettra pas de prévenir le risque de blessures. Le modèle reste à affiner afin de diminuer ce risque et il n’existe aucun modèle mathématique qui permet cela aujourd’hui. C’est pour cela que l’intervenant nous rappelle que c’est surtout l’interaction avec la personne qui applique la charge, souvent l’entraîneur, qui va être l’outil le plus adéquat pour prémunir du risque de blessures.
S'inspirer des entraîneurs : la solution idéale ?
Antoine Lainé est kinésithérapeute et entraîneur pour le Coaching du Coureur, en plus d’être un traileur confirmé. En 2023, il a rédigé son mémoire sur le thème des blessures et de la charge d’entraînement, dans le cadre de son Diplôme Universitaire. Celui-ci visait à créer une étude pour comparer les stratégies mises en place par les entraîneurs et les kinésithérapeutes pour prévenir les blessures en course à pied. Nous avions détaillé ce sujet dans cet article. Finalement, son étude avait montré que près de 90% des kinésithérapeutes disaient que la charge d’entraînement était la cause principale des blessures chez les coureurs qu’ils recevaient, mais très peu d’entre eux ne savaient la définir. De plus, c’était très souvent la charge externe qui était utilisée pour définir la charge totale, sans prise en compte de la charge interne. Pour compléter cela, l’étude a montré que les stratégies des entraîneurs qui incluent la prise en compte des facteurs internes (sensations, HRV…) peut être une solution très favorable pour prémunir des blessures chez l’athlète.
Cette étude d’Antoine Lainé a donc permis de montrer les limites du suivi réalisé par la majorité des kinésithérapeutes qui consiste à suivre la charge d’entraînement par des facteurs externes et sans l'utilisation d’outils spécifiques tels que des plateformes d’entraînement. En revanche, les stratégies des entraîneurs, avec un suivi plus précis pour quantifier la charge totale peut s’avérer payante pour prévenir les blessures chez le coureur.
En conclusion de cette étude, plusieurs questions se posent : Comment la kinésithérapie peut s’inspirer des stratégies des entraîneurs pour quantifier la charge d’entraînement sur les phases de rééducation ? Comment pouvons-nous améliorer la communication entre les kinésithérapeutes, les entraîneurs et les athlètes afin de diminuer le risque de blessures ?
Adopter une approche holistique
Un suivi personnalisé
Enfin, Théo Robin, également traileur confirmé, vient nous informer sur les éléments clés qui peuvent nous aider pour la prévention des blessures. En tant que kinésithérapeute du sport et entraîneur, il est le co-fondateur de KAP Prévention, une structure qui permet de suivre les athlètes d’endurance dans leur entraînement. Il exerce en cabinet pour ses activités de kinésithérapie mais aussi à distance grâce à des plateformes comme Nolio, notamment pour la partie entraînement des athlètes.
Grâce à un suivi très personnalisé et une approche holistique, l’objectif de la structure est d’accompagner chaque athlète en fonction de ses spécificités. Ainsi, KAP Prévention possède une expertise dans le domaine qui a permis de tirer des éléments clés pour aider l’athlète à ne pas se blesser :
- Bilan initial complet (distanciel ou présentiel) : analyse des points forts et faibles, des axes de progression de chaque athlète et dépistage de potentielles pathologies.
- Utilisation des outils de suivi : volume d’entraînement, dénivelé effectué...
- Programmation détaillée et adaptée : programmation adaptée aux spécificités de l’athlète avec une quantification de la charge grâce à Nolio en fonction des retours (RPE, commentaires…).
- Gestion des douleurs et gênes : ajustement du programme en lien avec de potentielles gênes ou blessures de l’athlète.
- Routines hebdomadaires : exercices individualisés à réaliser 4 à 7 fois par semaine, en adaptant les contraintes imposées à l’athlète au fil des semaines.
- Échanges entre les entraîneurs et les athlètes : essentiel pour la progression grâce à un plan individualisé.
L'individualisation de l'entraînement : une avancée vers la progression
Au sein de la structure KAP Prévention, c’est l’ensemble de ces facteurs qui sont primordiaux pour réaliser le suivi le plus complet possible. La structure permet de prendre en charge les athlètes avant le déclenchement d’une potentielle pathologie et l’individualisation apparaît alors comme la solution la plus adaptée pour éviter cela. Encore une fois, Théo Robin nous rappelle que c'est la communication entre l’entraîneur et l’athlète qui reste le plus important.
De nombreuses pistes à explorer
Pour terminer, on comprend que c’est réellement un suivi personnalisé qui va permettre de réduire au maximum le risque de blessures chez l’athlète. Aujourd’hui, il n’existe pas d’outil permettant de savoir si un athlète va se blesser ou non. En revanche, un échange permanent entre l’entraîneur et l’athlète apparaît comme l’un des facteurs clés de la progression. De plus, afin de réduire le risque de blessures, on peut noter que l’observance de l’athlète, notamment grâce au RPE, peut être une des solutions les plus efficaces. Thomas Lorblanchet nous rappelle que l’essentiel réside dans le fait d’utiliser un outil de la manière la plus protocolaire possible, qu’il s’agisse du TRIMP, du RPE… En d’autres termes, il faut que le sportif soit pleinement impliqué et renseigne les paramètres demandés à chaque séance afin d’avoir le suivi le plus précis possible.
De plus, même si l’on constate que des solutions sont exploitables, notamment avec un suivi des kinésithérapeutes plus précis grâce à des plateformes d’entraînement, on retrouve des limites. En effet, cela apparaît trop chronophage pour la majorité des professionnels, qui n’ont pas le temps nécessaire pour quantifier la charge d’entraînement de leur patient de manière aussi précise. Pourtant, comme le mentionne Antoine Lainé, c’est l’une des pistes à privilègier pour prévenir les blessures, car l’éducation du patient et son suivi apportent une réelle plus-value.
De nombreuses pistes restent à explorer mais celle d’un suivi personnalisé avec un entraîneur reste la plus intéressante. Pour cela, vous pouvez trouver un entraîneur sur la plateforme Nolio juste ici.
Vous pouvez retrouver le Webinar complet en cliquant sur l'image ci-dessous :