[WEBINAR] HRV et Charge d'entraînement
Introduction
Aujourd’hui, de plus en plus de données sont utilisées pour la gestion des entraînements des athlètes de tous les niveaux. Néanmoins, beaucoup de philosophies différentes existent dans le monde de l’entraînement. On peut prendre l'exemple du calcul des charges que l'on peut faire de différentes manières, en utilisant différents outils tels que le HRV (Heart Rate Variability), aussi appelé VFC (Variabilité de la Fréquence Cardiaque).
Afin de mieux comprendre les utilisations concrètes que l'on peut faire de tous ces outils, nous avons invité Karoly Spy et Maxim Frémeaux pour discuter autour de ces sujets. Les deux entraîneurs nous livrent leurs visions de l'entraînement et nous montrent comment ils utilisent eux-mêmes ces données avec leurs athlètes au quotidien. Vous pouvez retrouver le Webinar complet juste ici.
Karoly Spy est entraîneur en triathlon au sein de sa propre structure, KS-Endurance. Il est notamment spécialisé sur les formats longues distances de type Ironman. Il vient nous éclairer sur les notions de charges d’entraînement internes.
Maxim Frémeaux est entraîneur en cyclisme sur route et travaille au sein de la Fédération Française de Cyclisme sur la détection des talents. Il entraîne également au sein de sa propre structure, nommé MF Sports. Il utilise de multiples outils tels que les mesures de lactatémie. Il utilise aussi la charge d’entraînement au quotidien, qu’il vient définir comme étant un outil pour quantifier et évaluer l’impact d’une séance à l’échelle d’une période donnée. Maxim Frémeaux aborde ici les notions de charge externe, en complément des notions de charge interne évoquées par Karoly Spy.
La charge d'entraînement interne et l'utilisation du HRV par Karoly Spy
La charge d'entraînement : À quoi correspond-elle ?
Karoly Spy utilise la notion de charge d’entraînement afin de vérifier que ses athlètes s’adaptent bien au programme qu’il leur propose. Les modèles de charge d’entraînement sont basés sur l’utilisation du TRIMP, mais Karoly Spy nous rappelle le fait que ces derniers n’ont pas été validés scientifiquement et ont récemment été remis en cause. L’entraîneur vient utiliser de nombreuses données pour quantifier la charge d’entraînement comme l’ACWR. Il vient compléter ces données par de nombreuses mesures, comme des bilans sanguins, les ressentis d’effort de l’athlète, ou le HRV sur lequel il revient plus en détail.
L'utilisation du HRV dans l'entraînement
L’utilisation du HRV (et notamment du RMSSD) comme outil permettant de mesurer, contrôler et affiner la charge d’entraînement s’avère être très utile au quotidien. Pour son utilisation dans le domaine sportif, Karoly Spy nous rappelle que cette mesure nous indique les réponses de l’organisme face à un stress (entraînement, sommeil, travail,…).
Ainsi, il est intéressant de constater que les variations des mesures de RMSSD sont en lien avec les charges d’entraînement réalisées par les athlètes. Par exemple, on constate que des périodes de plus fortes charges d’entraînement peuvent engendrer une baisse du RMSSD, qui peut lui-même être influencé par des facteurs tels que des maladies ou des compétitions. Grâce à ces mesures, on peut constater des périodes de fatigue ou de surcharge, ou des périodes de forme de l’athlète, ce qui permet d’individualiser au mieux le programme d’entraînement en conséquence. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des mesures quotidiennes et d’accumuler un maximum de données sur le long terme afin de suivre l’évolution. De plus, on peut compléter les mesures quotidiennes de fréquence cardiaque et RMSSD par des mesures pré et post-séance pour constater l’assimilation de celles-ci.
Pour préparer au mieux son athlète à l’Embrunman, épreuve de triathlon longue distance, Karoly Spy nous montre concrètement comment les mesures RMSSD lui ont permis d’ajuster l’entraînement. Ainsi, à la suite d’une période de forte charge où l’athlète reconnaissait le parcours, l’entraîneur a préconisé davantage de basse intensité pour réguler la fatigue.
Multiplier les données pour une approche globale
Néanmoins, il est important de multiplier les mesures pour calculer la charge d’entraînement et il n’existe pas une seule « bonne méthode », comme nous le rappelle Karoly Spy. De plus, les données de HRV restent des données de charges chroniques, où le suivi se réalise grâce à des moyennes de plusieurs jours. Il est important de les coupler avec des données dites « aigües » telles que les réponses de fréquence cardiaque à l’exercice ou les ressentis de l’athlète.
Les données externes pour calculer la charge d'entraînement selon Maxim Frémeaux
Pour compléter les données internes qui permettent le calcul de la charge d’entraînement, on peut utiliser des données externes comme nous le présente Maxim Frémeaux, entraîneur en cyclisme. Dans cette discipline, le capteur de puissance est l’outil externe le plus utilisé afin de calculer la charge.
La charge selon la méthode de Foster
Différents modèles de charge d’entraînement sont utilisés par les entraîneurs. Maxim Frémeaux commence par nous présenter la charge Foster, datant de 1995. Elle consiste à quantifier la charge en multipliant la durée de la séance par le ressenti de l’athlète (RPE). La méthode de Foster permet d’obtenir plusieurs métriques grâce à différents calculs (monotonie, charge sur une semaine, contrainte, ACWR,…). Cette méthode non invasive, est applicable à l’ensemble des sports et est relativement facile à utiliser même si elle présente quelques limites.
La charge selon la méthode de Coggan
Ensuite, Maxim évoque la méthode Coggan, moins facile à utiliser puisqu’elle se base sur l’utilisation de la puissance et nécessite donc un capteur. La mesure de cette charge se fait grâce à un calcul qui utilise la durée et les données de FTP, de puissance normalisée ainsi que le facteur d’intensité. Grâce à cette mesure de la charge, le modèle de Coggan permet d’obtenir un suivi plus ou moins long terme selon les indicateurs que l’on va utiliser (aptitude, fatigue, forme).
Des outils intéressants mais insuffisants
À l’instar de la vision abordée par Karoly Spy, Maxim Frémeaux rappelle qu’il n’existe pas de méthode ultime. L’entraînement reste pour lui une collaboration entre l’entraîneur et l’athlète, et les retours de ce dernier sont primordiaux. Au quotidien, il apporte beaucoup d’importance à tous ces retours de l’athlète, en complément de son utilisation des modèles de Foster et de Coggan (qu’il utilise avec la puissance critique). C’est d’ailleurs l’une des critiques recensée vis-à-vis de la charge Coggan, qui exclue complétement le côté « humain ».
Conclusion
Ces présentations des charges internes et externes nous permettent de mieux comprendre les mesures à utiliser et comment les utiliser selon les modèles. Dans leur échange final, Karoly Spy et Maxim Frémeaux répondent aux questions et nous rappellent toujours le fait qu'il n'existe pas de bonne méthode et que de nombreux paramètres sont utiles, en soulignant l'importance de la prise en compte des retours de l'athlète.
Vous pouvez retrouver le Webinar complet en cliquant sur l'image ci-dessous :