Pierre Stieremans : Champion du monde Ironman 30-34 ans 2023 !
Les chiffres d'un succès
Le 10 Septembre 2023, Pierre Stieremans est devenu champion du monde d'Ironman dans son groupe d'âge (30-34 ans). Athlète au sein du club TRI360 et entraîné par Jérémy Staffent, Pierre est infirmier au CHU de Lille. Sur ces championnats du monde à Nice, il termine sa course en 9 heures et 11 minutes.
Pour rappel, l'Ironman de Nice c'est :
-3800 mètres en natation (en mer)
-180 kilomètres de vélo (2440 mètres de dénivelé positif)
-42 kilomètres de course à pied (46 mètres de dénivelé positif)
Revenons ensemble sur le parcours qui l'a amené à cette performance incroyable !
Une année post-blessure
La saison 2022 de Pierre Stieremans a été marquée par la blessure. Après une fracture du bassin et un traumatisme crânien, il doit renoncer à son rêve de participer aux championnats du monde Ironman à Hawai en 2022, course pour laquelle il était qualifié.
La résilience de Pierre et de son entourage le mène à sortir de cette période difficile. Avec son entraîneur, ils ont mis en place un retour à l'entrainement très progressif pour atteindre un volume hebdomadaire moyen de 14 heures et 30 minutes sur l'année précédent la course de Nice. Ci-dessous, on retrouve les graphiques de sa progression sur les 51 dernières semaines.
Le temps passé sur ces trois sports a également été complété par du Home Trainer. Pierre a réalisé 34 heures et 45 minutes de Home Trainer sur cette période, pour un total de 1204 kilomètres (3511 mètres de dénivelé positif et 34,66 km/h en moyenne).
Pas de modèles prédéfinis
A l'heure de la mode des modèles prédéfinis de type polarisé ou pyramidal, l'entraineur de TRI360 utilise une toute autre méthode. Celle-ci vise à détecter les qualités prioritaires à développer en fonction des analyses de séances et du type de retour fait par l'athlète.
C'est ce qu'ont mis en place Jérémy Staffent et Pierre Stieremans pour cette préparation.
Suite à l'Ironman de Francfort le 2 Juillet 2023, où Pierre termine en 8 heures et 45 minutes en septième position, Jérémy a proposé à son athlète une période de deux semaines de coupure. Elle s'est constituée d'une semaine totalement "off", sans sport, et d'une semaine à l'envie afin de repartir totalement "disponible" pour la fin de préparation de Nice.
On retrouve ci-contre le calendrier Nolio de cette période.
Après cette coupure, il a également proposé un cycle de 3 semaines visant à développer Vo2max, ce qui pourrait sembler contre-intuitif si proche de l'objectif mondial.
Finalement, la suite nous montrera que cette approche a été bénéfique pour le bloc spécifique.
Les dernières semaines avant l'objectif final
Les semaines avant l'objectif ont été le moment de travailler les aspects spécifiques de la course de Nice. La course est notamment réputée pour son fort dénivelé sur la partie vélo (2440 mètres de dénivelé positif), un aspect fondamental pour l'entrainement.
Le coach a décidé de faire appel à la consistance et à la régularité.
Nous parlons beaucoup de progressivité (qu'il a utilisé pour revenir après sa blessure : voir graphique de la charge Coggan), mais il y a bien mieux à gagner en gardant des volumes et charges stables si la "bonne dose" est utilisée, selon son entraineur.
Pour ces sept dernières semaines, Pierre a réalisé un volume hebdomadaire moyen de 21 heures. Une rigueur et une discipline à souligner pour cet athlète qui doit gérer son métier d'infirmier à côté de cette préparation.
Ci-dessous, on retrouve l'évolution du volume d'entrainement sur ces dernières semaines qui précèdent l'objectif, ainsi que sa charge d'entrainement sur son année.
Les données de sa course
Afin de calibrer au mieux les séances, Pierre et son entraineur utilisent au quotidien la puissance critique et la vitesse critique.
Les stratégies de pacing sont individualisées en fonction de la physiologie de l'athlète, de sa forme du moment et de ce qu'a pu être observé à l'entrainement. Elles reposent aussi sur un échange commun avec l'athlète sur ce qu'il pense pouvoir être capable de réaliser.
Voici comment Pierre a utilisé ces stratégies lors de sa course:
Natation (3800 mètres)
Durée : 55 minutes
Vitesse moyenne : 1'27/100m (96.55 % de vitesse critique)
Vélo (180 kilomètres - 2440 mètres de dénivelé positif)
Durée : 5 heures et 09 minutes
Vitesse moyenne : 34.8 km/h
Puissance : 249 watts AVG (75% de puissance critique)
Cadence : 82 RPM AVG
Fréquence cardiaque : 140 BPM AVG (80% de FCmax)
Course à pied (42 kilomètres - 46 mètres de dénivelé positif)
Durée : 3h00
Vitesse moyenne : 4'17min/km (76.7% de vitesse critique)
Fréquence cardiaque : 138 BPM AVG (78% de FCmax)
La forte chaleur lors de la course a rendu la tâche encore plus difficile pour Pierre. Grâce aux corrélations entre son allure (ou sa puissance), sa fréquence cardiaque et son ressenti (RPE) apprises lors de ses entrainements, il a su s'adapter aux contraintes.
Au sein de son club, l'entraineur éduque ses athlètes à ne pas être "focus" uniquement sur les valeurs brutes des capteurs, pour pouvoir s'adapter en cas de méforme ou changement d'environnement.
Pierre a aussi beaucoup travaillé sur la stratégie nutritionnelle de course. Cela a été complété par un travail de flexibilité métabolique visant à améliorer l'utilisation des substrats énergétiques et donc la préservation de son stock de glycogène en course.
Le facteur de performance clé sur cette distance Ironman est de posséder une filière mixte (utilisation glucides/lipides quasi égale) la plus haute possible. C'est ce qu'ont mis en place Pierre et son entraineur tout au long de l'année.
Nous voulons féliciter Pierre pour la force mentale dont il a fait preuve le jour J, un facteur largement profitable sur ce genre de distance. La collaboration et le travail minutieux mené avec son entraineur ont conduit à une performance de très haut niveau !
Article écrit par Jérémy Staffent et mis en forme par Clément Lainé.