Portrait d'athlète : Sylvain Cachard
Crédit 📸 : Golden Trail World Series
A la fois athlète de haut niveau et étudiant, Sylvain mène son double projet à 100%. Rencontre avec un athlète promis à un avenir brillant..
"C’est loin d’être facile tous les jours, mais c’est la vie que j’aime. Je ne sais pas si je le gère correctement d’ailleurs, mais j’essaie en tous cas de prendre un maximum de recul sur la gestion de mon emploi du temps."
Bonjour Sylvain, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Salut ! Je m’appelle Sylvain Cachard, j’ai 23 ans et je fais de la course en montagne et du trail à haut-niveau. En parallèle, je suis des études d’ingénieur en informatique à l’INSA de Lyon et dans ce cadre je suis actuellement en stage chez Nolio. Enfin, je suis un passionné de montagne, de course à pied et de performance ; mais aussi de musique et d’informatique.
Tu es double champion de France de course de montagne (2020 et 2021), la saison dernière est plutôt réussie pour toi ? Comment s'est déroulée ta course lors des championnats de France de course en montagne ?
Oui, je suis vraiment content de ma saison 2021, d’autant plus qu’elle fut loin d’être aussi facile que les autres. Au-delà des résultats en compétition qui pour moi ne sont qu’une toute petite partie de ma pratique sportive, je suis particulièrement content de la manière avec laquelle j’ai su me remobiliser sur la deuxième partie de saison après un très gros coup de fatigue en juin/juillet 2021. C’est grâce à cela que j’ai pu glaner mondeuxième titre et il avait donc forcément une saveur très particulière. Ces championnats avaient lieu à Ancelle (05) et le parcours faisait environ 13km pour 700m de dénivelé, avec deux montées et deux descentes successives. Après un départ assez rapide où je reste à l’arrière du groupe de tête mené, j’accélère dans la première descente et tente de survivre du mieux possible dans la deuxième montée. Au final, je bascule avec quelques dizaines de secondes d’avance au sommet et fonce vers la ligne d’arrivée pour la franchir en premier.
Tu as participé en 2021 à la Skyrhune et à la finale des Golden Trail World Series, racontes-nous ?
En plus des distances « classiques » de course en montagne que je commence à bien maîtriser (environ 1h d’effort), j’ai voulu découvrir la saison dernière des distances un peu plus longues (2h-4h) et notamment le circuit référence mondial à l’heure actuel, les Golden Trail World Series. C’est un circuit privé qui est l’équivalent de la coupe du monde et regroupant la plupart des meilleurs mondiaux sur ce genre d’épreuve. Dans ce cadre, j’ai donc participé à la Skyrhune qui était la dernière manche de ce challenge avant la grande finale. L’objectif était de récolter assez de point pour être sélectionné, mais surtout de retrouver des sensations sur ce genre de distance après un début de saison compliqué. Au final, je termine 6ème, satisfait de mon résultat, me permettant ainsi de participer à la finale aux Canaries. La finale fut un long chemin de croix. Mi-octobre, nous avons eu des températures dépassant les 30°C durant la course et je n’étais pas du tout habitué à ce climat. Après un début de course tout en gestion aux alentours de la 5ème place, je commence à ressentir les effets de la chaleur et de la déshydratation à la mi-course... La fin de course fut la plus dure de toute ma vie, alternant entre hallucinations et pertes d’équilibre et de la vision. J’ai rallié l’arrivée comme je pouvais, me promettant de ne plus jamais négliger le facteur « chaleur » et le prendre en compte dans mes entraînements.
Tu étudies à l'INSA de Lyon, comment gères-tu tes études d’ingénieurs et le sport de haut niveau ?
C’est loin d’être facile tous les jours, mais c’est la vie que j’aime. Je ne sais pas si je le gère correctement d’ailleurs, mais j’essaie en tous cas de prendre un maximum de recul sur la gestion de mon emploi du temps. Je considère que le sport de haut-niveau comme les études d’ingénieur sont toutes les deux sources de stress, donc j’essaie de ne pas m’en rajouter dans la gestion de mon planning. Je préfère être un peu trop « à la cool » qu’en burn-out complet. Enfin, j’essaie d’alterner les périodes où je mets l’accent sur le sport ou sur les études. De toute manière, mener les deux de front à 100%, je n’y arrive pas, alors je préfère alterner les périodes pour faire les deux correctement.
Quels sont tes prochains objectifs professionnels et sportifs ?
En ce qui concerne mes objectifs professionnels, la mission numéro 1 est de finir avec succès la mission qui m’a été confiée dans le cadre de mon stage chez Nolio. Puis, j’aimerais finir mes études à l’INSA à la fin de l’année scolaire 2022-2023 et trouver un stage en entreprise de 6 mois qui serait en accord avec mon double-projet. Enfin, à long terme, je pense essayer de vivre un maximum de la course à pied comme c’est déjà le cas à présent, tout en gardant une petite activité en informatique, pourquoi pas à mon compte. Du point de vue sportif, après un hiver compliqué marqué par une inflammation au pied qui a été coriace, j’ai vraiment hâte de commencer la saison avec en ligne de mire les championnats de France et d’Europe de course en montagne, puis les Golden Trail World Series en deuxième partie de saison. Après avoir découvert ce circuit la saison dernière, j’espère vraiment pouvoir y performer cette année !
Tu t’es blessé récemment, comment évolue ta blessure ?
Ça va bien mieux heureusement, mais ça a été une période très compliquée à gérer pour moi car j’ai eu pas mal de soucis personnels en même temps. Mais je commence à sortir du tunnel et j’ai hâte de retourner au charbon ! Et puis par expérience, qui dit hiver pourri dit été radieux !
Quels messages tu aurais à faire passer à des jeunes qui veulent se lancer dans le trail et la course en montagne ?
J’en aurais des choses à leur dire, mais je pense pouvoir le résumer à ces quelques mots : la course en montagne est un sport simple où l’on se sent libre et vivant. A mes yeux, c’est bien plus qu’un sport, c’est un mode de vie, celui de vivre dans l’instant présent, dans le culte de l’instant présent. C’est un sport dur, certes, mais qui m’apprend quotidiennement que si l‘on désire profondément quelque chose et que l’on se donne les moyens d’y arriver, alors rien ne peut nous arrêter !
En parallèle de tes études, tu effectues un stage dans une grande entreprise française comment ça se passe pour toi ?
Ça se passe très bien de mon côté, j’aime beaucoup la mission qui m’a été confiée chez Nolio et cela permet d’enrichir mes connaissances informatiques. Je me sens accepté comme je suis, avec les contraintes d’un sportif de haut-niveau qui pourtant sont loin d’être idéales pour une entreprise.