Planifier sa saison sportive
La réussite d’une saison sportive commence par sa programmation. Un exercice délicat où l’expérience et le rêve d’accomplissement sont des facteurs essentiels.
« Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. », Sénèque.
La fin de l’année approche et déjà notre esprit se projette vers de nouveaux horizons. Entre les rêves de réalisation et nos possibilités, nous allons tenter de programmer nos compétitions pour vivre nos rêves, tout en respectant quelques règles afin d’éviter les déconvenues.
Être réaliste
En regardant ce qui nous a rempli de bonheur dans le passé et dans notre expérience, mais aussi nos déceptions et nos égarements, nous pouvons établir un bilan concret. Ce petit travail écrit nous permet de fixer un point de départ, une conscience particulière de la situation telle qu’elle est réellement. Qu’avais-je prévu pour la saison passée ? Que s’est-il passé ? Ai-je trouvé un équilibre entre entraînement, voyage, vie familiale, contrainte professionnelle ? Si oui, cette réussite est une base acquise à conserver ou moduler légèrement. Si ce n’est pas le cas, des réponses sur les causes de ces déséquilibres sont à identifier et à corriger.
En préparation mentale, nous rencontrons régulièrement des sportifs en situation d’échec, non pas parce qu’ils ne sont pas performants, mais plutôt parce que leurs projets sportifs sont dissociés de leurs possibilités réelles. Pire encore, quels que soient les résultats, ils se fustigent et ne sont jamais satisfaits, tout simplement parce que le projet n’est pas établi clairement en objectif mesurable.
Cette première étape est donc un état des lieux qui permet de fixer le cadre de la saison à venir. L’avis d’un proche, d’un entraîneur, ou encore d’un préparateur mental peut aider à déceler des axes d’amélioration invisibles à notre esprit.
La futurisation
Maintenant que le bilan est établi, nous pouvons nous poser une question en imaginant une issue heureuse : « À la fin de la saison prochaine, qu’est-ce qui me permettra de dire que ma saison est réussie ? ».
Est-ce une épreuve ? Un état physique ou psychologique ? Une qualification ? Un apprentissage ? La réalisation d’un défi ? Un équilibre trouvé ? Une motivation constante ?
Nous pouvons aussi faire un petit exercice en imaginant ce que vous raconterez de votre future saison à quelqu’un que l'on estime. Les objectifs vont se préciser d’eux-mêmes, faisant ressortir ce qui est essentiel pour soi.
Attention ! Si les phrases sont négatives, il est nécéssaire de les transformer en formulations positives. Par exemple : « Je n’ai pas eu peur dans les descentes » reformulé par « J’ai pris un plaisir énorme à maîtriser la descente » ou encore « Je n’ai pas eu de phase de démotivation » en « Ma motivation a été permanente ».
De ce petit travail émergeront le ou les objectif(s) à programmer pour la saison qui vient : des objectifs personnels, authentiques et forts. Cela peut être une épreuve, une succession d’épreuves ou une attitude, une habileté supplémentaire, un équilibre. C’est autour de cette projection que nous pouvons commencer à planifier.
Commençons par placer sur un calendrier les dates importantes, les compétitions, les championnats… Ainsi, les temps de préparation, de récupération et de régénération vont apparaître visuellement. Ces temps sont incompressibles et il faudra peut-être faire des choix.
Pour chaque compétition, prévoyons un temps incompressible de récupération. En sport d’endurance, il est dépendant du temps de réalisation de l’épreuve. Les sensations après une épreuve d’endurance ou d’ultra-endurance sont faussées. Après quelques jours, on peut avoir envie de remettre le couvert ! On se sent bien, prêt à repartir au combat et pourtant… L’organisme affairé à la réparation et à la régénération des tissus stimule le système endocrinien qui diffuse des substances qui faussent notre perception. La sensation de fatigue, souvent absente dans les premiers temps, se fait ressentir plus tard (environ quatre semaines après pour un ultra-trail par exemple).
La date d’une épreuve est systématiquement précédée d’une période d’affutage et d’une période de régénération. Entre les épreuves, nous pouvons placer les phases de développement de qualités sportives par blocs spécifiques. Parmi ces blocs, on retrouve des spécificités telles que l’endurance, la vitesse, la force, l’explosivité, la technique… À chaque période d’entraînement correspond un thème en adéquation avec la qualité recherchée et un séquençage spécifique de la planification.
Entraînez aussi le mental
Dans la planification, on conseille fortement le sportif à intégrer le développement d’habiletés mentales, nécessaires à la spécificité des compétitions. La gestion du stress, de la pression, de la fatigue, de la douleur ainsi que l’imagerie mentale ou la confiance en soi, sont des qualités indispensables à acquérir.
Comme pour le volet physique et technique, cela nécessite une stratégie et un entraînement pour fiabiliser ces outils indispensables à la stabilité de la performance. De plus, ces facultés profitent à toutes nos activités et nos relations. La planification de blocs d'entraînement mental paraît donc intéressant pour compléter la préparation.
Enfin, si l'on considère que ce travail de planification nous engage pour la saison, nous allons prendre le temps de vérifier la faisabilité financière et le maintien de l’équilibre familial et professionnel. Il est important de communiquer le prévisionnel à l'entourage afin de stimuler une adhésion au projet de saison et de déceler d’éventuels écueils auxquels nous n’aurions pas pensé. Il est plus aisé de se consacrer à la préparation de nos objectifs pleinement lorsqu’on est compris et soutenu.
La planification d'une saison reste complexe avec de multiples facteurs à prendre en compte. Pour cela, le choix de se diriger vers un entraîneur pour avoir les conseils les plus individualisés possibles est la meilleure solution.
Il est plus aisé de suivre un chemin que naviguer sans repère, tracez votre chemin et suivez-le !